Communiqué n°405 du 05/10/1999.
Audition des représentants du Collectif
égalité Calixthe Beyala, Manu Dibango, Dieudonné, Luc
Saint-Elois
Réuni en séance plénière, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a
accueilli le 5 octobre 1999, les représentants du Collectif Égalité,
Mme Calixthe Beyala, et MM. Manu Dibango, Dieudonné, Luc
Saint-Élois.
En introduction à cette rencontre, Hervé Bourges, président du
CSA, a rappelé les valeurs républicaines et démocratiques posées à
l'article 1er de la Constitution de 1958 : "La France est une
République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure
l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction
d'origine, de race et de religion."
Il a également souligné "que les médias audiovisuels sont
aujourd'hui les principaux outils de la représentation qu'une
société se donne d'elle-même" et que "les références communes que
les structures médiatiques offrent à une communauté nationale ne
peuvent pas se retrouver en trop grand décalage avec les réalités
vécues quotidiennement".
Les membres du Collectif Égalité ont alors exprimé sur ce point
un constat pessimiste, jugeant que les médias audiovisuels ne
donnent pas une image juste de la diversité des origines et des
cultures qui composent la société française contemporaine. C'est
donc pour exprimer cette incompréhension, et ce sentiment
d'inégalité devant la représentation médiatique que leur association
s'est constituée et qu'elle témoigne aujourd'hui de manière
explicite.
Un débat riche et ouvert s'est alors instauré avec le Conseil sur
les différentes pistes à suivre pour répondre aux frustrations de
communautés qui se voient doublement pénalisées, à la fois dans la
représentation donnée d'elles par les médias audiovisuels, (qui est
le plus souvent réduite à des stéréotypes simplistes) et dans leur
accès à ces mêmes médias, qui refusent d'accueillir des œuvres
originales, propres à exprimer l'apport particulier qui peut être
celui de ces traditions et de ces cultures à la richesse de la
création nationale.
Sur ces deux thèmes, le Conseil a exprimé sa préoccupation et a
annoncé l'ouverture immédiate de trois chantiers : une analyse
détaillée de la programmation des chaînes hertziennes, permettant de
dresser un état des lieux objectif de la place réservée aux
différentes composantes de la communauté nationale ; une étude
comparative des différentes législations et des pratiques des pays
européens, et des pays d'Amérique du Nord en matière "d'intégration
audiovisuelle" ; enfin une étude juridique qui permettra au Conseil
supérieur de l'audiovisuel "d'avancer des solutions novatrices, à la
fois respectueuses de la Constitution républicaine, et ouvertes à la
diversité ethnique et culturelle qui est aujourd'hui la réalité de
la population française".
La romancière Calixthe Beyala, porte-parole du Collectif Égalité,
s'est félicitée du ton positif des échanges, et de la volonté du CSA
de faire évoluer les choses "rapidement". Le président du CSA, Hervé
Bourges a souligné en conclusion que les chaînes avaient su, par le
passé, prendre des initiatives dans ce combat de longue haleine pour
l'intégration de toutes les composantes de la communauté nationale.
Il a ajouté que cette première rencontre témoignait d'une "véritable
prise de conscience" qui devait toucher également "l'ensemble des
médias audiovisuels", et qu'elle permettrait d'engager "un travail
constructif, d'abord sur le plan juridique, mais aussi plus
concrètement pour faire évoluer les mentalités et changer les
habitudes", insistant sur le fait que le CSA entendait être une
"force de proposition et de médiation".